La canne automatique hydropneumatique

Notre équipe scientifique a inventé une canne automatique qui se soulève seule et qui aide les personnes âgées, apportant sécurité et confort lors de leurs déplacements.

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Si la canne et ses accessoires sont légèrement encombrants, nous ne désespérons pas de miniaturiser l’ensemble très prochainement.

Avec l’âge, la crainte nous prend de manquer de force y compris pour soulever une canne. De plus, cet instrument existe depuis l’antiquité et peut-être même avant et elle n’a jamais évolué. Il était donc temps, pour l’humanité tout entière, que des esprits inventifs et fertiles conçoivent une canne semi-automatisée afin d’aider nos anciens – dont nous faisons de plus en plus partie – à la manipuler aisément.

Problématique.
Décomposons le mouvement. Lorsqu’une personne avance avec sa canne, il lui faut réaliser un effort pour la soulever et la replacer sur le sol, quelques centimètres devant elle en trouvant un bon appui. Existe-t-il une canne intelligente qui teste cet appui ? Que nenni ! Ce n’est que du pifomètre et le pied de la béquille peut très bien se poser sur une flaque d’huile entraînant tout le monde dans une glissade holidayonicienne qui peut être du plus mauvais effet sur notre ancien ou ancienne. De plus, une fois l’appui trouvé, cette personne âgée ne reçoit aucune aide pour avancer, elle se débrouille toute seule !

Les diverses parties de l’instrument
Notre canne hydropneumatique est composée :
• D’une canne technologiquement très avancée en deux parties articulées par un vérin hydraulique ;
• D’un harnais tout ce qu’il y a de plus classique ;
• D’un chariot sur roues entraînées par un moteur « pas à pas » sur lequel se trouvent le système informatique, la pompe haute pression hydraulique, un bras armé d’une chaussure ainsi qu’une trousse de premier secours et d’une bouteille de champagne.

Comment ça marche ?
La première chose à faire c’est d’enfiler le harnais, de se positionner devant le chariot et de verrouiller les brancards dans les orifices prévus à cet effet sur le harnais. Ne pas oublier de serrer la sous-ventrière de manière raisonnable afin qu’elle ne gêne pas notre ancien. Une fois attelé, il suffit de mettre en route l’ordinateur de bord qui démarrera lui-même le compresseur haute pression, sans autre intervention. Après une période de chauffe indispensable – quelques minutes – pour obtenir les 700 bars nécessaires au bon fonctionnement de la canne, l’engin est dans les starting-blocks. Il suffit alors au conducteur de la canne de mettre un tout petit peu de gaz et d’embrayer grâce à l’astucieuse poignée de moto remplaçant le pommeau de la canne.
Dès lors, un vérin hydraulique comprime un ressort à l’intérieur de la canne. Lorsque le ressort est bandé au maximum, un échappement relâche brutalement la pression. Le ressort se détend d’un seul coup. Par réaction sur le sol, ce brusque relâchement fait sauter la canne qui se trouve être en l’air sans que notre personne âgée ait eu besoin à aucun moment de fournir un effort pour la soulever. À ce moment-là, très précisément, le vérin avant ouvre l’articulation de la canne d’un angle adéquat et bien calculé. En quelque sorte, la canne fait un pas en avant. Le centre de gravité de la canne est donc déplacé dans le même sens, vers l’avant (faut vraiment tout vous expliquer) décalant par là même celui de l’ensemble canne-personne-âgée-harnais-traîneau. Notez bien que ce déséquilibre un peu osé est celui-là même qui va aider notre personne âgée à avancer d’un pas. Mais ne brûlons pas les étapes, car nous avons laissé la canne, ouverte d’un angle de quelques degrés, en suspension au bout du bras de notre apprenti marcheur. À bout de bras, le poids se fait sentir et le pied de la canne se dirige immanquablement vers le sol. Notons l’ingéniosité du système qui n’hésite pas à utiliser la gravité, à ce niveau de vitesse, sans faire appel à la théorie de la relativité. C’est alors qu’intervient un dispositif astucieux dont au sujet duquel nous pensons être primés par le prix Nobel de l’invention. Une caméra, située dans ce pied de canne, analyse le sol, ses aspérités, sa consistance, sa rugosité et choisit pile-poil l’endroit optimum pour se poser. Les mouvements latéraux d’une très grande précision sont fournis par des vibreurs au nombre de seize disposés à l’intérieur du tube de la canne et suivant les seize points cardinaux. La canne va se poser, mais juste avant, une cellule mesurant la distance pied de canne-sol à chaque instant, indique au calculateur que le sol n’est plus très loin. La canne se verrouille alors en position droite !
Une fois la canne posée le déséquilibre canne-personne-âgée-harnais-chariot est plus important et invite de façon pressante la personne âgée à faire le pas en avant d’autant que le bras armé se rapproche dangereusement du postérieur de notre ancien. C’est alors que les capteurs du harnais sentent la tension s’exercer. Cette tension est transmise au chariot par les brancards à des capteurs électrosensibles qui commandent le moteur « pas à pas » le chariot avance d’un cran incitant d’autant plus notre personne âgée à faire ce foutu pas en avant que le chariot risque fort de lui booster – au sens propre – l’arrière-train. En effet, le chariot ayant avancé, la personne âgée, dont faut-il le souligner, le déséquilibre vers l’avant est certain, n’est plus retenu par le harnais qui s’est détendu. Elle fait donc ce pas attendu depuis maintenant au moins trois minutes ! Une fois fait ce petit pas pour notre ancien — mais ce grand pas pour l’avenir de l’humanité — le cycle reprend.

Avantages-inconvénients
Les avantages sont nombreux et il est totalement inutile de les citer ici tant vous avez compris le principe. Il n’existe que quelques petits inconvénients. Le premier, ce sont les vibrations créées par le système d’atterrissage du pied de canne au moment où l’analyse de sol étant faite, l’engin va atterrir. Il est nécessaire de voir notre ancien tenir fermement la canne pour que les vibrations déplacent le pied et pas la main de l’ancien. D’abord parce que la gestuelle ne serait pas belle, et enfin, parce que le déséquilibre canne-personne-âgée-harnais-chariot pourrait tout à fait se faire latéralement, ce qui ne serait pas bon du tout pour la machine, ce déséquilibre devant absolument être axial.
Ensuite, encombrement et poids sont un léger désagrément. Mais nous travaillons d’arrache-pied à la miniaturisation du système afin que tout le dispositif entre dans le tube de la canne. Nous avons bon espoir d’y parvenir prochainement pour un poids de canne n’excédant pas les 25 kilos.
Enfin, légère mise au point à effectuer, lors de l’échappement de la pression durant le début du cycle la canne saute bien, mais à trois mètres cinquante de hauteur… Nous allons régler ça rapidement pour faire revenir la canne à des altitudes plus convenables… Dernière précision : cette machine a été conçue lors d’un brainstorming Anne-Jean-Pierre absolument passionnant.