Notre dernier article scientifique pêchait par l’absence bien malencontreuse d’une définition claire et précise du con, ce dont nous nous excusons. Aussi, pour corriger ce manque nous sommes-nous intéressés à la littérature traitant le sujet : « travailler avec des cons » de Tonvoisin, aux éditions « j’ai lu », « Taxonomie de la connerie » de Meunier et Meyer, aux éditions « Maïa » et « Comment devenir un connard » du professeur Franck Zerbib, aux éditions de l’opportun.
Dans le numéro précédent de notre magazine, nous nous sommes intéressés au « Con royal », mais sans jamais définir ce qu’était un con, ce qui, sans l’ombre d’un doute, entachait l’exposé, pourtant brillantissime, d’un soupçon d’absence de rigueur scientifique. C’est pourquoi, ayant constaté notre bévue, et nous être fait remonter les bretelles par plus d’un lecteur assidu, nous nous sommes remis en selle afin de remettre le couvert en rajoutant une couche à notre étude. Chacun son métier et les vaches seront bien gardées. Qu’on se le dise !
Ayant fait amende honorable, et notre « méat coule pas » – comme lu récemment dans un blog haut en couleur et très à la mode en ce moment – nous nous interrogeons : « Or donc, c’est quoi, un con ? » Toutefois, auparavant, et parce que la rédaction de votre magazine préféré – si, si, c’est votre magazine préféré ou je fais pipi par terre – la rédaction de votre magazine préféré, disais-je, ne recule devant aucune difficulté, nous souhaitons en préambule, pour les somnambules et même les autres, examiner ce lapsus calami (lapsus écrit) qui sans aucun doute possible révèle une faiblesse psychologique certaine chez son auteur. Reprenons. Le méat, en anatomie, c’est un canal, un conduit. L’emploi du verbe couler nous évoque immédiatement le méat urinaire. La formulation simpliste « coule pas » qui omet la négation « ne » nous oriente vers les balbutiements de la vie. Notre analyse rigoureuse nous incite évidemment à penser que nous avons affaire à un blogueur demeuré au stade de l’enfance et faisant encore très probablement pipi au lit. CQFD. Mais, pour autant, cet attardé est-il un con ? D’où le retour à notre question primordial : «Or donc, c’est quoi, un con ?»
La définition est loin d’être immédiate, car, comme le dit le poète : « un con, ça ne se définit pas. On ne peut donner que des exemples ! », c’est pourquoi nous allons procéder par la méthode empirique des questions pour cerner le problème.
Si vous soupçonnez un individu, mâle ou femelle d’être un con alors il convient, pour être rigoureux et ne pas se tromper, de trouver des indices forts.
Premièrement. Avez-vous entendu une autre personne que vous affubler le bougre en question de con ou connard en intégrant bien que le connard est au con ce que la noblesse est à la bourgeoisie ? Léger problème de sémantique, une femme de sexe féminin sera une connasse et non une connarde comme le français le plus strict le voudrait. Tout cela, parce que l’étymologie… mais bon, on va pas tout vous expliquer à chaque fois !
Deuxièmement. Est-ce que le matin en vous levant vous pensez à cet individu en disant tout haut : « mais quel con ! » ? Ou bien encore, le rencontrant dans la rue, vous songez immédiatement « le voilà encore, ce con ! » ?
Troisièmement. Avez-vous eu franchement l’envie de l’assassiner du style « je vais le buter ce gros con ! » ou bien « Mais je vais lui faire la peau, moi, à cette connasse ! » Cette pulsion de meurtre, tout à fait normale puisque tout homme est un criminel en puissance, ne se manifeste-t-elle qu’à l’encontre de ce bonhomme ou de très rares personnes de votre entourage ?
Quatrièmement. Si c’est au travail que cela se passe, est-ce que cette personne est votre n+1 ? Avez-vous l’impression, comme le disait le brillant anthropologue San Antonio, que « vous êtes sa soupape de sécurité, son Aspro, sa compensation, voire sa décompensation ? »
Cinquièmement. Si c’est toujours au boulot et si l’objet de votre irritation est toujours votre n+1, a-t-il par le passé, lors d’un séminaire de motivation de l’équipe, autorisé le formateur à demander aux participants de se mettre en sous-vêtements afin de retrouver l’humilité nécessaire au bon fonctionnement du service ?
Sixièmement. Avez-vous la sensation de faire un rejet total, une allergie massive à la personne en question un peu comme un greffon qui dit au chirurgien : « mon pauvre vieux, pas moi, dans le corps de ce con-là ! » et qui en appelle à tous les anticorps du receveur.
Septièmement. Avez-vous déclenché dans votre entourage un enthousiasme général en lançant une chasse aux cons qui a d’emblée désigné votre quidam comme gibier de choix ?
Huitièmement. Lorsque vous vous heurtez à une bande de cons, le personnage dont au sujet duquel on cause, est-il toujours présent ?
Neuvièmement. Votre homme a-t-il eu par le passé des ambitions démesurées comme devenir président de la République, Pape ou dame pipi aux Folies Bergères ?
Dixième et dernièrement. Avez-vous la sensation que l’individu en question vous rabaisse en permanence pour avoir l’air d’être à la hauteur ?
Si vous dites oui à une seule de ces questions, alors il est probable que vous ayez affaire à un con. Si vous répondez positivement à deux questions, alors aucun doute n’est possible, votre bonhomme est un con. À trois c’est un connard. De quatre à six oui, alors appliquez à la lettre la formule de Lacan, pour une fois hyper clair : « Avec les cons, il faut être odieux ! » Au-delà de six réponses « bonnes », deux cas se présentent. Si vous le pouvez, tirez-vous ! Fuyez à six mille kilomètres ! Sauf qu’à six mille kilomètres, aux USA, vous n’êtes pas certain de ne pas retomber sur un spécimen du même genre, la connerie étant la chose la mieux partagée au monde, surtout dans les hautes sphères du pouvoir ! Vous ne pouvez pas fuir ! Alors, sachez qu’aucun traitement, aucune greffe, y compris celle de la plus grosse partie de son cerveau, ne pourra changer votre individu. En conséquence, pourrissez-lui la vie.
En quelque sorte, devenez un parfait connard !
À connard, connard et demi !