Il n’est pas possible de soupçonner le travail abattu par des dirigeants tel que le trop décrié Donald Trump. Les électeurs ne réalisent pas combien ce président se tue à la tâche.
Je connais depuis de très nombreuses années Donald Trump puisque nous sommes tous deux membres de la « Kurt Gödel Society ». Comme chacun sait Kurt Gödel est un mathématicien dont une des démonstrations les plus célèbres se nomme le « Théorème d’incomplétude ». Pour appartenir à cette association, il convient de ne pas être intellectuellement complet et surtout de ne pas pouvoir être complété par quelque méthode que ce soit. C’est-à-dire refuser absolument d’apprendre quoi que ce soit des autres. Au sein de cette aimable société d’incomplets, Donald fait figure de maître pour tous.
De passage à Washington, Anne et moi avons partagé avec Donald l’une de ses journées harassantes. Nous l’en remercions vivement, car nous savons combien son agenda est serré.
En effet, dès potron-minet, à huit heures trente du matin, Donald se lève et twitte immédiatement toutes les idées géniales qui lui sont venues dans la nuit. Toutes ? Non ! Vu qu’il a dix mille idées à l’heure, il fait le tri et ne retient que les plus pertinentes. C’est dire…
Puis il déjeune, œufs et bacon très frit, avant de faire sa toilette. Le tout, en regardant les chaînes d’informations en continu 2. C’est vers onze heures qu’il rejoint le bureau ovale pour une première réunion, habituellement avec les services de renseignements. Pendant ces réunions, Donald parle, explique, donne son point de vue sur le terrorisme. En général, il donne des directives comme de « laisser tomber l’enquête sur l’ingérence des Russes dans la campagne électorale, ça fait un nuage qui m’empêche de me concentrer sur les vrais problèmes ». Il n’a pas besoin d’écouter les spécialistes de l’espionnage, car Donald a tout appris par les chaînes de télévision qui en savent beaucoup plus qu’on ne veut bien le croire !
Vient ensuite une heure de temps exécutif. Qu’est-ce que le temps exécutif ? C’est l’heure pendant laquelle Donald téléphone, twitte et utilise d’autres réseaux sociaux, ce qui, comme chacun sait, est l’une des tâches les plus importantes dévolues au Président des États-Unis par la Constitution. Puis Donald consacre quelques minutes à son chef de cabinet, John Kelly auquel il donne des directives. Il déjeune ensuite de burger acheté au Mac’ Do du coin, car Donald souhaite rester très proche des préoccupations de l’américain moyen. Il vérifie donc tout lui-même et notamment la qualité des frites et des burgers servis dans les Mac’ Do.
Après une nouvelle heure de temps exécutif – téléphone, tweet… –, le président reçoit son conseiller à la sécurité nationale à qui il recommande quelques actions comme de « laisser tomber l’enquête sur l’ingérence des Russes dans la campagne électorale, ça fait un nuage qui m’empêche de me concentrer sur les vrais problèmes ». Enfin, après une nouvelle et dernière heure de temps exécutif durant laquelle, en général, il vire l’un ou l’autre de ses conseillers, voire un ministre ou deux, Donald assiste à une ultime réunion au cours de laquelle il donne nombre de directives. Il termine alors sa journée vers 16 h 15, dégâts faits !
Il rentre dans ses appartements qu’il ne quittera que le lendemain matin peu avant onze heures. Le président ne lit jamais un dossier, n’écoute que très rarement ses conseillers préférant de loin se fier à son instinct infaillible. Donald s’est fait des opinions sur un peu tout et ne veut surtout pas en changer ce qui le détournerait du chemin qu’il s’est tracé une fois pour toutes. Comme on le comprend !
Il ne lit jamais la presse, choisissant de regarder les émissions de télévision sur trois écrans. Son esprit de synthèse lui permet en effet de suivre trois chaînes à la fois. Sa puissance de travail est énorme. Sa capacité d’écoute gigantesque (surtout la télé). Si Donald ne prête pas attention à ses conseillers, c’est que ses aptitudes à synthétiser font qu’il est toujours en avance sur eux.
Du vendredi après-midi au lundi matin, Donald joue au golf en Floride. Mais ne vous y trompez pas il continue à réfléchir. Donald est un très grand Président comme jamais les États-Unis n’ont eu et les traces qu’il laissera dans l’histoire seront indélébiles pour très longtemps. Là est toute l’angoisse actuelle du peuple américain.
Ce texte est inspiré par :
1- James Comey, ex-patron du FBI : Mensonges et Vérités chez Flammarion 2- Michaël Wolff, journaliste, Le Feu et la Fureur chez Robert Laffont;
3: IRIS : entretien avec Jeffe Hawkins et autres articles.