L’eau peut être sauvageonne ! Comme ces vagues déferlantes qui brisaient le littoral de cette adorable plage de l’île des Pins, en Nouvelle-Calédonie. La nuit blanche s’était écoulée au rythme fracassant des rouleaux. Mais l’eau sait également se faire douce et tendre le long de nos ruisseaux. Sources invisibles ou anonymes, émergeant de terres grasses et argileuses. Petits rus sortis de nulle part, modestes et bien frileux qui s’en vont, humbles et falots, tenter de faire des rencontres afin de se fortifier, de grossir, de grandir. Rivières plus conséquentes qui font chanter leurs clapotis le long de berges verdoyantes et fleuries et qui vont mêler leurs ondes et se noyer dans celles des larges fleuves altiers. L’eau nous attire comme les miroirs charment les princesses. Sans doute parce qu’ils sont miroirs eux-mêmes !
Miroirs du ciel changeant, absorbant les merveilleux nuages, dissolvant les bleus infinis, estompant les nuées. Miroirs des grands arbres hautains, méprisant les arbustes qui se développent à leur abri. Miroirs des roseaux, des herbes folles, des Iris des marais, des cressons de fontaine ou des joncs. Les images ondoient, s’évanouissent, disparaissent, pour mieux revenir et parfois même, nous éblouir. L’eau, c’est encore cette musique des berges ou celle des cailloux qui détournent le cours lisse et monocorde en un ramage de tourbillons et d’arpèges. Contrepoint du chant des oiseaux, harmonique du vent. L’orchestre peut se faire discret, léger et aérien. Puis, il peut se transformer pour interpréter une mélodie tragique, sourde, inquiétante, envoûtante. Il peut aussi jouer les badins, les guillerets et donner envie de danser ! L’eau, le vent, le chant des oiseaux, les mélopées d’insectes, c’est Beethoven ressuscité !
Les bords des rivières et des étangs, c’est encore les mille parfums qu’exhalent les plantes qui, partout aux environs, se nourrissent du liquide présent en profusion dans la terre meuble. Les berges et les rives de nos étangs et rivières ont également cinq sens, tout comme nous.